Les matériaux traditionnels

Les matériaux traditionnels

Que ce soit en Ardenne où ailleurs sur la planète, les matériaux utilisés dans la construction sont avant tout ceux trouvés sur place.

L’Ardenne, Moyenne, Haute ou Basse est installée sur un massif schisteux. La pierre affleure partout, c’est donc tout naturellement que le schiste est utilisé abondamment. Il est bleu dans la région Salmienne, rougi par l’action du minerai de fer dans la vallée de la Lienne ou la région d’Herbeumont, violet vers le versant français ou hennuyer. Le massif schisteux est parsemé d’arkose, surtout en Haute-Ardenne, en descendant vers le Condroz, la pierre calcaire prend peu à peu le relais.

Les murs en « pans de bois » ou « colombages ». Chêne, noisetiers et argile. La paille ou les genêts sont utilisés pour lier l’argile. C’est une technique reprise dans les enduits d’argile redécouverts et de plus en plus souvent utilisés à la place du plâtre. Torchis-Ecomusée d’Alsace / auteur Florival

La brique n’existe pratiquement pas en Ardenne. Pourquoi fabriquer des briques dans des moules, les cuire et les transporter sur le lieu de construction alors qu’il suffit de se baisser pour ramasser la pierre ? De nombreux bâtiments anciens présentent des encadrements de portes et de fenêtres en brique. C’est une pratique relativement récente, largement développée après l’offensive des Ardennes en 1944/1945, lorsqu’il fallut réparer les nombreux dommages causés par la guerre. La brique est à cette époque aisément amenée de Flandre en train ou en camion et rend les fins travaux de maçonnerie plus facile.

Même présente partout, la pierre a de tous temps été un matériau onéreux, signe d’une certaine aisance, voire d’un certain modernisme (…). Elle s’est totalement imposée vers la fin de l’ancien régime sur les bâtiments les plus modestes. Jusque-là, les masures paysannes se contentaient de pans de bois colmatés au torchis à base d’argile enduite sur un enchevêtrement de tiges de noisetier et de lattes de chêne. Ce sont les maisons à colombages dont on ne trouve plus que quelques exemplaires originaux restaurés dans la région de Stavelot et de Stoumont. Les toits étaient en chaume, ce qui impliquait une pente plus importante que ce qu’on connaît habituellement de l’architecture ardennaise. Il reste courant, encore aujourd’hui, de croiser des pans de bois remplis de briques. Celle-ci, plus durable a remplacé les anciens torchis séculaires.

Le bois, quant à lui, si présent dans le paysage ardennais contemporain n’est pas un élément de la tradition architecturale de notre région. Il faut bien comprendre qu’un comportement traditionnel met des générations pour s’imposer. L’Ardenne forestière telle qu’on la connaît aujourd’hui, plantée d’épicéas et autres résineux, n’a commencé à se transformer que dans le milieu du 19 ème siècle. C’est seulement depuis une dizaine d’années, en Ardenne comme dans bien d’autres endroits, que les constructions en bois acquièrent les materiaux traditionnels rahierlentement la reconnaissance du public…et des administrations de l’urbanisme. Ce qui n’est pas traditionnel aujourd’hui, le deviendra bientôt.

Une belle utilisation du bois, à la manière contemporaine, sur un bâtiment ancien à Rahier.