Se chauffer grâce à des déchets ?

Se chauffer grâce à des déchets ?

La méthanisation permet de traiter les effluents liquides, même lorsqu’ils sont chargés de matière en suspension. C’est le cas du lisier ou purin résultant de l’élevage des animaux de boucherie ou de production laitière. Elle permet également de traiter les boues des stations d’épuration ainsi que des graisses issues, par exemple, d’abattoirs, les résidus de culture ou de tonte de pelouses. Grâce à ce procédé, le gaz dégagé est récupéré et transformé en électricité ou en eau chaude.

Comment fonctionne exactement la biométhanisation ?

Comme un corps humain en fait. Ici, on part du lisier bovin, auquel on peut ajouter tout ce qui est compostable, comme des déchets de jardins, des épluchures, des fruits qui ne sont plus consommables…On place le tout dans une espèce de clos fermé, imperméable à l’air, un digesteur, et on mélange 24 heures sur 24, tout en faisant chauffer cette préparation. Le dôme commence alors à se gonfler à cause du gaz qui se forme. Gaz qu’on aspire et qu’on dirige vers un moteur thermique. Une génératrice qui y est liée produit alors l’électricité, qui est revendue sur le réseau. Quant au digestat – la matière résiduelle – elle constitue un excellent engrais qui peut être épandu sur les champs. Il est en effet pasteurisé et ne contient plus aucune semence parasite. ” Mais il faut aussi beaucoup d’eau pour refroidir toute cette installation. Et là aussi, le recyclage est prévu. “Cette eau, qui sera alors chaude, servira d’une part à réchauffer le digestat, mais pourra aussi être utilisée comme chauffage urbain, pour les entreprises voisines. Et elle peut même servir pour sécher des grains, du bois ou servir à toute autre application qui demanderait de la chaleur.

Voici des tontes d’herbe qui pourraient bientôt être très utiles

Une centrale de biométhanisation pourrait voir le jour dans le zoning de Harzé dans les prochaines années. Elle produirait de l’électricité grâce à du lisier et chaufferait plusieurs entreprises voisines.
Philippe Banneux, à l’origine du projet, met en tout cas toutes les chances de son côté pour concrétiser cette idée, née voici trois ans.
“ Mon fils a fait des études d’agriculture, mais moi, je vends des cuisines et des salles de bain, et je n’avais donc aucune ferme à lui proposer. Je cherchais une solution quand je suis tombé sur une émission de télévision qui parlait de biométhanisation ”, se souvient Philippe Banneux.

Quelques jours plus tard, il visitait ces installations, prenait des contacts et commençait à étudier sérieusement le projet. “ J’ai notamment contacté IRCO, un des facilitateurs de la Région wallonne en matière de biométhanisation, pour estimer l’investissement nécessaire et la taille optimale de la centrale. Mais ils m’ont dit qu’avant toute chose, pour que l’installation soit rentable, il fallait absolument valoriser l’eau chaude, en la vendant à des entreprises. ”

Reste maintenant à trouver la matière première. “ Je viens de préparer un courrier que je vais envoyer à toutes les entreprises agricoles de la région. Il me faudrait en effet 2.400 tonnes de lisier par an au minimum, mais aussi des débouchés pour l’engrais résiduel. Et je dois encore prendre contact avec les entreprises de parcs et jardins, les grandes surfaces… ”

Une soirée d’information vient d’avoir lieu à Awan-Aywaille pour présenter aux futurs acteurs de cette aventure, les tenants et aboutissants de ce projet que Philippe Banneux et son fils Jérôme ont à cœur de voir aboutir le plus rapidement possible.
Toute info au 0479/27 39 18 (Jérôme) ou au 0475/23 69 25 (Philippe).

Jérôme et Philippe Banneux

A. Dechamps